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Le
gradé se retourne vers sa table, prend une grappe de raisin et commence
à picorer les grains avant d'apprendre à Antoine qu'il allait faire un
voyage dans la voie lactée et qu'il sera exécuté sur l'un ou l'autre
des satellites de la planète A-H Alpha 2. Le temps de se préparer et de
s'envoler, c'est une affaire de deux ou trois jours, selon la météo
interstellaire. 7 jours dans le village, 3 jours ici, ça commence à bien faire. - et nous partons quand ? - nous sommes déjà partis. - je n'ai rien senti. - vous pensez bien que nous n'avons pas besoin de toutes ces contraintes techniques d'accélération et que nos déplacements se font sans aucun désagrément. - vous m'expliquez un peu tout ça ? tant qu'à mourir dans trois jours, au moins je serai plus savant que les plus savants des savants. - d'accord, je vous fais un cours d'histoire et de technique. Mais attention, je ne suis qu'un militaire, il y a certaines choses qui m'échappent. Nous venons d'une planète en orbite autour de l'étoile A-H Alpha 2. En comptant selon vos unités archaïques, nous somes à environ 500 années-lumière. Sauf bien sûr que la lumière n'a rien à voir là-dedans. Nous observons avec attention les recherches que vous menez pour comprendre l'Univers et, si possible, aller l'explorer. Nos savants sont passés par là il y a environ 10000 de vos années. Je peux vous le dire puisque vous ne pourrez le répéter à personne, vous ous trompez complètement. Il est inutile de chercher à aller plus vite que la lumière, c'est sans espoir. Nuos avons essayé, nous avons échoué, et du coup nous avons cherché des raccourcis. Et nous les avons trouvés. Nous avons de la chance, nous sommes situés dans un endroit de la Galaxie ou les raccourcis sont nombreux et amènent un peu partout. L'un de ces raccourcis amène jusqu'à votre étoile, et nous avons décidé de la coloniser. - Et pourquoi coloniser la Terre ? - Tout simplement parce que nous avons épuisé notre Terre à nous, alors nous venons nous servir sur ce qui n'est plus la vôtre. - Je ne suis pas sûr que vous fassiez une bonne affaire, il paraît que notre Terre aussi est épuisée, le pétrole se fait de plus en plus rare. - Pffffrrrr du pétrole et puis quoi encore. Non, votre planète regorge de matières précieuses dont vous ne soupçonnez même pas l'existence. Vos réserves de glazounium par exemple nous assurent 3 siècles d'approvisionnement. Et lorsque il n'y en aura plus, nous trouverons une autre planète. Nous faisons ça depuis 5000 ans. - Vous voulez dire que je suis tombé en plein dans un de vos combats pour coloniser la Terre. Si c'est tout ce que vous avez, vous n'êtes pas prêts de gagner, la moindre des armées du moindre de nos pays a au moins 1000 fois votre arsenal. - Ha ha ha ha ha !!! Pas du tout, ça c'était juste pour nous dégourdir un peu. Nous avons des méthodes bien plus efficaces que la force brutale. Nous ne sommes pas stupides au point de massacrer nos futurs travailleurs. Non, tout simplement nous avons acheté et fermé toutes les usines. Vous n'imaginez pas le peu de temps qu'il faut pour faire tomber les gouvernements d'uns planète qui a 95% de chômeurs. Nous sommes désormais l'employeur unique de 8 milliards d'individus qui ont commencé à produire tout ce dont nous avons besoin. Vous allez échapper à ce triste sort. Pendant que le militaire fait son discours, Antoine regarde autour de lui dans l'espoir de trouver une solution. Non seulement pour sauver sa peau, mais peut-être aussi pour sauver la Terre s'il n'est pas trop tard. Les écrans de contrôle diffusent des images de la Terre qui lui font froid dans dans le dos mais soudain ... 3 possibilités 1) Sur un des écrans, un extra-terrestre fait un discours. Il annnonce que, tout compte fait, les réserves de glazounium sont beaucoup plus faibles que prévues, elle ne dépassent pas 8 jours, et la planète va donc être évacuée. Tous les prisonniers doivent être ramenés sur Terre. michel 2) Sur un des écrans, un officiel terrien appelle à la grève générale dans toutes les langues et dialectes. Le militaire interroge Antoine "c'est quoi une grève générale ?" 3) Sur tous les écrans, des champignons atomiques apparaissent. Les Terriens ont préféré suicider leur planète. Le militaire lâche un "pauvres cons". |
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Sur
un des écrans, un extra-terrestre fait un discours. Il annnonce que,
tout compte fait, les réserves de glazounium sont beaucoup plus faibles
que prévues, elle ne dépassent pas 8 jours, et la planète va donc être
évacuée. Tous les prisonniers doivent être ramenés sur Terre. Bien sûr, Antoine n'a rien compris du discours. Par contre, il comprend très bien que quelque chose ne va pas comme prévu à la tête que fait le gradé. Il se dit tout simplement que si quelque chose ne va pas pour les extra-terrestres, peut-être bien que ça pourrait s'arranger pour lui. Un regain d'optimisme vient requinquer son moral qui, il faut l'avouer, n'est pas au beau fixe en ces instants difficiles et mouvementés. — Il se passe quelque chose ? Fait-il avec une moue moqueuse. — Ouais. On s'est planté. Votre planète ne vaut pas un kopeck. On a ordre d'évacuer les lieux et de libérer les prisonniers. Vous êtes content ? — On ne peut rien vous cacher. J'avoue, ô grand chef, que l'idée de retrouver ma bonne vieille terre et de fouler de nouveau l'herbe verte n'est pas pour me déplaire tout à fait. Bon. Allez, zou ! Demi-tour et retour au bercail, monsieur l'alien. Antoine n'a pas fini sa phrase que déjà la porte du vaisseau spatial s'ouvre. — Vous voilà de retour chez vous, humain à la gomme. Filez et que je ne vous revois plus jamais ! Antoine n'en croit pas ses yeux et s'avance vers la porte grande ouverte pour mieux voir. Il est en pleine sidération et ne peut pas prononcer le moindre mot. Il se trouve à présent à deux pas de la rampe et l'affolement commence à le gagner. Il est pris de tremblements compulsifs, son visage est couvert de sueur et il ne peut bredouiller que des mots qui n'ont ni queue ni tête. Il se retourne vers le gradé qui ne cache ni son impatience ni son énervement. — Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ? Vous êtes libre, filez ! — Mais... mais... mais non ! Vous vous êtes trompé ! Je ne veux pas descendre là. — Qu'est-ce que vous racontez avec vos « vous vous êtes trompé » ? C'est quoi ces fantaisies ? — Mais enfin regardez ! Nous ne sommes pas sur Terre ! — Hein ? Questionne le gradé qui vient voir de plus près et constate par lui-même que, effectivement, le vaisseau ne s'est pas posé sur la bonne planète. Il semble ennuyé et aboie des ordres tout en tapant vigoureusement du pied et en faisant des tas de gestes tout à fait expressifs. Dans le vaisseau, autour des cadrans et des pupitres, les extra-terrestres s'activent et s'invectivent. De longs rubans sortent d'espèces d'imprimantes crépitantes tandis que des farandoles de lumières colorées s'agitent dans un ballet frénétique. Le plus scientifique des extra-terrestres, les bras chargés de feuilles, vient faire son rapport au chef qui, Antoine pense le comprendre, traite tout son petit monde d'incapables, de bons-à-rien, de nuisibles, d'incompétents, de farfelus, d'ignorants. Quelques ingénieurs bidouillent des manettes et font chauffer les puissants ordinateurs qui manquent à plusieurs reprises de faire fondre leurs diodes et condensateurs. Quelques techniciens en blouse grise s'agitent devant une immense carte de l'espace interstellaire et tentent de se situer dans cet amas d'étoiles, de naines blanches et de géantes gazeuses en jouant du compas et du double-décimètre. On se querelle avec vivacité tant on ne parvient pas à se mettre d'accord. Quand certains assurent que l'on doit se trouver à proximité de la périphérie de la galaxie de Grébulon-City, d'autres affirment le doigt pointé en l'air et la voix haute que c'est une absurdité que de dire pareille chose et que l'on se trouve en fait juste en face du chapelet de crypto-planètes de Vozad. A son périscope, Klanov scrute le paysage et s'exclame tout d'un coup de sa voix de fosset : « Les gars ! Nous nous sommes gourés ! Nous ne sommes pas sur Terre ! ».— On le sait, ça, pauvre idiot congénital. Ça fait deux heures qu'on cherche à savoir où Feûhrenar, cet imbécile de navigateur nous a fait nous poser. T'es vraiment aussi bête que tes pauvres pères, décidément. — Bah, répond Klanov en balançant mollement ses tentacules modulaires qui laissent s'échapper des pellicules sur le beau tapis de laine, il n'y a qu'à aller se renseigner. J'ai vu un panneau, là-bas, vers le sud. — Drogonaff, le gradé, pousse Klanov de son siège et place un œil dans l'oculaire du périscope. Il tourne à droite, à gauche, revient au centre, ajuste la mise au point et se retourne pour donner l'ordre à une équipe de dix soldats d'aller voir ce qui est écrit sur le panneau. Les volontaires ne sont pas légion et il faut que Drogonaff se résolve à désigner les missionnaires. — Toi, toi, toi, toi. Toi là-bas, ne te cache pas ! Dans les rangs ! Toi et toi, ici ! Toi, toi et toi... et toi ! — Chef, on est onze. — Ah zut. Bon. Qui ne veut pas y aller ? Tous lèvent le bras. — Je m'y attendais. Bon. Toi, tu sors des rangs. — Pourquoi lui ? Proteste l'un des soldats. — Parce que je l'ai décidé. Tous en rang par deux ! Exécution ! — Mais moi j'ai une femme, des enfants ! Lui, par contre, personne ne le regrettera, insiste le soldat en désignant un camarade — Salopard, siffle celui-ci entre ses dents disjointes. — C'est bientôt fini, oui ? Bon. Toi, tu sors des rangs, ordonne Drogonaff au soldat père et époux. — Yes ! Se réjouit le soldat en faisant ce signe totalement idiot que l'on pratique partout dans l'univers et même au delà en brandissant le poing en l'air avant de le baisser en mimant un effort. Les dix soldats se présente devant la rampe dans un silence de mort. Ils reçoivent leur paquetage et leur arme parfaitement graissée et pourvue d'un chargeur plein. — Au nom de notre valeureux peuple qui saura saluer votre courage et votre mérite, à l'heure où vous vous préparez au sacrifice suprême pour garantir le bien de... — Ouais bon, ça suffit les discours. Plus vite on ira, plus vite on reviendra, dit un soldat. — Hum... Bon. En rang par deux. Attention à la marche. Une deux ! Une deux ! Et la troupe descend sur le sol de la planète inconnue avec prudence et sans précipitation. A pas mesuré et tout en restant sur leurs gardes, les soldats prennent la direction du panneau. Depuis le vaisseau spatial, on les voit s'éloigner avec un léger pincement au cœur. On est déjà en train de réfléchir à une oraison funèbre et on a organisé une collecte pour payer les couronnes mortuaires. Les soldats sont loin et ils ne paraissent plus que des petits points à l'horizon. Le silence est total. Un silence pesant, un silence de mort. Et puis, contre toute attente, on voit les soldats revenir. Plus ils approchent et plus on les voit tranquilles et décontractés. Presque guillerets. Quelques minutes encore et ils grimpent la rampe d'accès en sifflotant un air à la mode. — Alors ? — Alors, on est allé et on a vu. — Vous avez vu quoi ? — On a vu un panneau. — Et sur le panneau ? — Il est écrit : « vous êtes ici ». De l'autre côté, il est simplement écrit le nombre « 42 » suivi de la mention : « vous avez la solution ». — Diantre ! Fait Drogonaff avant de se pencher légèrement en avant tout en prenant son menton dans le creux de sa main et de se perdre dans une profonde séance de réflexion en marchant en cercle serré autour d'un axe imaginaire. Nous voilà beaux. Tout cela ne nous indique guère notre position. — Chef ? Et si on essayait le gps ? — Ça ne marchera pas. Le gps ne fonctionne que sur Terre, soldat. Ceci dit, bien essayé. Ça me donne une idée. On va faire comme dans les brainstorming. Chacun balance les idées qui lui viennent et il y aura peut-être la solution au bout de tout ça. Au point où on en est... Les militaires, les ingénieurs, les scientifiques, le chef et même Antoine s'asseoient en cercle et commencent à réfléchir et à lancer des mots et des concepts. On a servi des rafraîchissements et des amuse-gueules goût pizza. Comme souvent dans ce genre d'exercice, ça part dans tous les sens et il faut recadrer de temps à autres lorsque l'on sent que l'on va trop vers le n'importe quoi. Au bout d'une petite demi-heure, le jeu n'amuse plus personne et les propositions sont de moins en moins nombreuses. — Moi, ça me rappelle une fois quand j'étais petit, commence un soldat assis en tailleur qui picore des sortes de cacahuètes roses au goût de pistache. J'étais avec mon frère et on s'est perdu dans un bois de palétuviers biconvexes en nous promenant. La nuit commençait à tomber dans un grand fracas et un nuage de poussière comme elle le fait par chez nous et mon frère a commencé à pleurer. Il était plus jeune que moi, à l'époque. Et alors, pour retrouver la route de la maison, j'ai eu l'idée de revenir sur nos pas. On voyait très bien les traces de nos pas dans la plaine de graphite pulvérulent. Il nous a suffit de repartir en marchant à reculons et en moins de temps qu'il n'en faut pour faire pas longtemps, on était de retour à la maison. Cette petite histoire d'apparence anodine contée sur le ton de l'anecdote surgie du passé agit comme un déclic. D'un seul coup, c'est comme un « eurêka » qui jaillit de toutes les bouches, comme des « bon sang mais c'est bien sûr ! » qui sortent de toutes les poitrines. Déjà, les ingénieurs sont aux commandes, les ordres pleuvent, le soldat qui est à l'origine de la solution est décoré de la médaille du haut et grand mérite sans plus attendre et, même s'il ne comprend pas encore tout à fait en quoi sa petite histoire à pu aider quiconque dans cette affaire, il accepte de bon cœur l'accolade et la promesse d'une permission prochaine. Les opérateurs s'affairent au clavier des ordinateurs et font gémir les disques durs en vue de retracer le chemin parcouru. La suite des opérations est des plus simples et on s'étonne encore de n'y avoir pas pensé. Il suffit de retranscrire les bits contenus dans les logs de la mémoire principale en les écrivant en sens inverse pour que, automatiquement et sans plus se poser de question, le vaisseau rejoigne son point de départ. Un informaticien barbu, le plus vieux de tous, entre des formules et des instructions savantes dans sa fenêtre de commande. Il y met tellement d'entrain que le prompteur du terminal n'a plus le temps de clignoter. L'avancée des travaux est rapide et l'enthousiasme partout présent. Déjà on a mit les moteurs à chauffer en vue du départ en arrière. Seulement, voilà un soldat qui s'approche de Drogonaff, qui fait le salut réglementaire et dit : — Chef, on a un 'blème à la salle des machines.— Que se passe-t-il donc, soldat ? Demande Drogonaff sans se départir de sa bonne humeur. — C'est que les réserves de glazounium sont au plus bas, chef. — Et merde ! Lâche Drogonaff. Merde, merde et merde ! — Il y a aussi une bonne nouvelle, chef, continue le soldat en affichant son plus beau sourire. — Qui est ?— Que cette planète regorge de glazounium, chef ! Il y en a à la pelle. Il suffit de se baisser pour en avoir plus qu'on en rêverait, chef. — Tous à vos pelles ! Lance Drogonaff, excité comme une puce. 3 possibilités : 1) Tout le monde est mobilisé pour extraire le maximum de glazounium de la planète mystérieuse. Drogonaff est conscient d'être assis sur une véritable mine d'or et décide de créer une société minière d'exploitation de glazounium à la tête de laquelle il se placerait et dont tous les membres de l'expédition seraient tout à la fois actionnaires et mineurs. Antoine ne l'entend pas de cette oreille et demande à revenir sur Terre. 2) A contre cœur, Antoine prend la pelle que l'on lui tend et descend du vaisseau pour creuser le sol avec ses camarades d'infortune. L'odeur du glazounium lui rappelle quelque chose. Il en prend un peu au bout de son doigt humecté et le porte à la bouche. Il fait une grimace et crache. 3) Alors que tout le monde est occupé à creuser et à récolter le glazounium, un petit véhicule s'approche. |