ROMAN D alias A1
Antoine, trafiquant en tout genre

21/ PAGE 2 michel  21.1/ PAGE 3 arielle
Sitôt la porte poussée, une fille au longs cheveux bruns lui saute au cou, l'entraîne par la porte de droite et lui montre le lit. "Décidemment la chance a bien tourné" se dit-il en s'allongeant sur le dos.
Contre toute attente, la fille ne vient pas le rejoindre sur le lit. Elle reste figée dans l'embrasure de la porte, le regard étrangement vide, très dérangeant.
Il avait espéré il ne sait trop quoi. Une nuit d'amour torride, sans doute.
Antoine était fatigué mais l'occasion de faire l'amour à une parfaite inconnue qui vous saute au cou n'est pas de celle que l'on laisse passer lorsque l'on est un homme digne de ce nom.
Et cette fille qui ne semblait pas si disposée que cela à faire l'amour. Non, vraiment, c'était dérangeant. Avait-il pu se méprendre dans ses intentions ?
Normalement, qu'une fille vous saute au cou comme celle-ci l'avait fait est significatif. Antoine était assez perplexe. Il était aussi assez fatigué.
S'il n'était plus question, il aimerait pouvoir dormir. Il n'aurait pas besoin de compter les moutons. Il n'aurait pas besoin que l'on l'en lui dessine.
Seulement, la fille l'intrigait et lui interdisait de se laisser aller complètement à sa fatigue.
Il se redressa sur ses coudes et fixa la fille toujours parfaitement immobile, totalement muette, le regard inexpressif. Il se présenta.
"Moi, c'est Antoine. Comment t'appelles-tu ?"
Silence.
"Bon, se dit-il, c'est une cinglée. Faut pas chercher à comprendre".
Il sortit une Camel de son paquet et chercha son briquet dans les poches de son pantalon de toile beige. Il alluma la cigarette, inspira profondément la fumée et la souffla lentement.
"Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi tu restes comme ça ?".
Silence. Silence embarrassant.
"Tu me comprends ? Tu parles français ?".
Toujours rien.
Il fit sauter sa chaussure gauche du bout de sa chaussure droite et se débarrassa de sa chaussure droite de son gros orteil gauche. Les chaussures churent au sol de planches brutes dans deux bruits sourds. La fille ne sursauta pas. Son regard perdu ne cilla pas.
Antoine avait bien observé. Il jeta le mégot à même le sol et déboucla sa ceinture pour se mettre plus à l'aise. Il ne quittait pas la fille du regard. Elle commençait à l'agacer.
Il la détailla plus attentivement.
Elle n'était pas vraiment belle, finalement. Les longs cheveux faisaient illusion mais ils ne cachaient pas le visage aux traits sévères et marqués. L'ample tunique bleue à festons dorés laissait entrevoir une taille basse et un peu large. Les mains étaient un rien trop potelées. Et ce visage sans sourire, ces yeux sans émotion. Non, elle n'était pas belle. Il n'y avait donc pas de raison pour qu'il la ménage. Son envie de baiser avait disparu. Il se mit en position assise et l'invectiva.
"Qu'est-ce que tu veux ? Tu vas rester là toute la nuit à me regarder ? Casse-toi ! Laisse moi roupiller. Je suis crevé.".
Toujours pas de réaction.
"OK, OK. Ecoute, tu sais ce que je vais faire ? Je vais éteindre la lumière et je vais piquer un petit somme. Tu peux rester debout dans le noir si tu veux."
Et là, Antoine chercha un interrupteur. Il ne le trouva pas et leva les yeux au plafond avec l'espoir de trouver la trace d'un câble électrique conduisant de l'ampoule vers un interrupteur. Pas d'ampoule. La lumière venait bien du plafond, pourtant. Un plafond lumineux mais un plafond pourtant qui respirait la banalité coutumière d'un plafond en vulgaire plâtre.
Mystère.
Antoine se leva, resserra sa ceinture, glissa les pieds dans les chaussures et se dirigea vers la porte. Il venait d'en avoir sa claque de cette comédie. Il allait tenter de retrouver son Cessna. Il avait des couvertures, il avait une radio de bord. Il dormirait à la belle étoile et aviserait demain matin. Il se dirigea devant la fille en ayant bien l'intention de sortir de là au plus vite.
Alors qu'il arrivait à son niveau, une main ferme se posa sur son torse.
On l'empêchait de sortir.
Il tenta de balayer le bras de sa main mais il ressentit une résistance qu'il n'avait pas envisagée. Il empoigna le poignet de la fille et exerça une pression plus importante sans succès. Il n'avait pas imaginé cette force.
Il recula, la fille baissa le bras.

Par Michel

3 possibilités
1) Epuisé, Antoine se couche et parvient à dormir quelques heures. A son réveil, la fille n'est plus là. (arielle)
2) Epuisé, Antoine décide toutefois de ne pas dormir. Au petit matin, la fille s'en va. Il se lève et sort de la maison. La fille n'est plus là.
3) Environ une heure plus tard, un homme apparaît et lui tend un flacon. shanti 
Antoine ouvre les yeux. Il ne sait plus bien où il est. Regard hébété. Enfin, il se souvient : le Cessna, la panne, son arrivée dans le village, la fille étrange.
Un rapide regard dans la pièce lui confirme qu'il est seul.

"Où est passée cette cinglée ? Et si j'avais rêvé ? ".

Antoine se lève, jette un coup d'œil par la porte. Personne. Tout est silencieux. Il se passe la main dans les cheveux, boit à même la jarre et se rassoit sur le lit tout en picorant des grains de raisin.

Il regarde le plafond de plâtre blanc. "Rien de spécial" se dit-il. "Pourtant, cette luminosité… Hier soir… C'est bien étrange…". La pièce est éclairée par trois petites meurtrières, situées en haut d'un des murs, par lesquelles le soleil pénètre en projetant trois rais de lumière. Il fait déjà chaud, mais l'épaisseur des murs garde une certaine fraîcheur à la pièce spartiate.

Antoine se gratte la tête, frotte son menton mal rasé, cligne des yeux. Malaise, c'est ce qu'il ressent. Il sort de la pièce. Rien ni personne. Le silence. Il décide de rejoindre l'avion. Là, aucun signal radio pour lui dire qu'il a été repéré.Il tente de redémarrer. Clic-clac. Peine perdue.

"Ok, se dit-il, le mec de Dakar à qui il aurait dû livrer le Cessna finira bien par donner l'alerte à Toulouse. En attendant, je vais renvoyer ma position".
Rien. Antoine descend, balance un grand coup de pied dans un des pneus en jurant : " Putain, c'est la journée des riens. Bordel de merde, il ne manquait plus que ça. Bordel de merdeuuuu. Et toi la cinglée ? Où es-tu, espèce de folle ? Où es-tu ? Calmos mon gars, calmos… arrête de hurler bon sang, prends sur toi, se dit-il en lui même".

Il fouille dans sa poche, sort son paquet de Camel et son briquet. Au moment d'allumer son clope, il fixe le briquet d'un regard inquiet. Inébranlable, fidèle, le Zippo répond présent. Il aspire une bouffée et se détend. Il décide de démonter la radio et de la réparer à l'intérieur de la maison. La chaleur devient étouffante. Dans la carlingue, il ne tiendra pas. Sa chemise est déjà trempée. Son jean lui colle aux fesses.

De retour dans la pièce, il inspecte minutieusement la radio et repense à la fille brune. Son regard fixe, la rigidité de son bras quand elle le repousse. S'il n'a pas rêvé. "S'il n'a pas rêvé, se dit-il. Et si c'était ? Non, impossible, il ne croit pas à toutes ses fadaises. C'est bien ce qu'il avait balancé à son cousin Robert avec ses abracadabrantes histoires de cyborgs et d'atlantes sans compter le reste. Tu me prends pour un con Robert, lui avait-il dit. Qui irait croire un truc pareil ? C'est de la bonne hein ? Et coucher avec une atlante pour finir ? Tiens, tu devrais écrire des romans ".

Aujourd'hui, compte tenu des événements de la veille, il ne sait plus trop quoi penser. Il lui faudra explorer le village quand il aura fini et qu'il fera moins chaud. Il remet en place tous les éléments de la radio après les avoir débarrassés des poussières et autres grains de sable. Même s'il est habile de ses doigts, cela lui prend du temps. Il aime se concentrer sur ce genre de tâche et il s'y connait tout comme en mécanique. Mais pour le Cessna, c'est une autre affaire que de tomber en panne avec une automobile. ll se sent moins à l'aise. Ah ça, pour mettre les mains dans le cambouis d'une voiture, il ne rechigne pas. Mais bon pour cette fois, ce n'est pas une automobile que Fred lui a demandé de convoyer.

Il décide de s'accorder un peu de repos avant de retourner à l'avion et de visiter le village de fond en comble.
Il se penche, dégrafe et délace ses Pataugas, les enlève. Tout en se levant, il ôte sa chemise et se dirige en sueur vers le lit. Il donnerait cher pour glisser son corps sous une pluie d'eau glacée. Un bruit résonne à ses oreilles.

par Arielle

3 possibilités

1) Antoine se fige. Ce qu'il vient d'entendre, c'est le bruit d'un moteur d'avion. Sax 21.1.1
2) Un bruit de pas. Antoine se retourne. La fille brune au regard fixe, accompagnée de deux autres qui lui ressemblent en tout point, apparaît dans l'encadrement de la porte.
3) Un sifflement. Il se retourne. Le cobra se dresse.
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Antoine se fige. Ce qu'il vient d'entendre, c'est le bruit d'un moteur d'avion.

Enfin il croit que c'est un moteur d'avion. Quoi d'autre en plein désert ? Il est sûr que ce n'est pas une Jeep ou autre, il connaît par cœur le bruit des moteurs de toutes les automobiles construites pendant les 50 dernières années.
S'il s'y connaissait autant en moteurs d'avions, il aurait identifié un Polikarpov I-16 rescapé de la Guerre d'Espagne.
À tout hasard, il ressort du village, toujours sans rencontrer personne. Peut-être que les habitants ne sont visibles que le nuit tombée ?
Il voit l'avion se poser juste à côté du Cessna. Le pilote en descend et entreprend d'inspecter le 150 sans même enlever son casque.
En parcourant les 500 mètres qui le séparent des avions, Antoine réfléchit. Qu'est-ce que cet avion fait ici ? Il pense impossible que son appel radio ait déjà porté ses fruits. Alors comment un tel avion a-t-il pu se retrouver comme lui en plein désert et tomber pile sur le village ?
L'autre pilote l'a vu et vient à sa rencontre.
"Salut, moi c'est Gabriel. Je volais vers Tanger et de loin j'ai vu ton appareil. Comment tu es arrivé là ?"
"Salut, moi c'est Robert (Antoine est d'un naturel méfiant et son prénom n'est plus si courant). J'ai été pris dans une tempête de sable hier soir et je me suis posé en catastrophe. Mais maintenant l'avion ne veut plus repartir et la radio est en panne.". "On va essayer d'arranger ça, mais là il fait vraiment trop chaud. On peut aller se rafraîchir au village ?"
"J'y ai passé la nuit, et je commençais à réparer la radio mais je ne suis pas bien équipé pour ça."
"Ce n'est pas grave, on repartira ensemble quand on aura réparé ton avion, je ferai la radio pour deux, on ira se poser à Fès, c'est à moins d'une heure. Tu crois qu'on pourra passer la nuit dans le village ?"
"Tu fais comme tu veux, moi je pense passer la nuit dans l'avion. Je pourrai surveiller les deux."
"Je pense que ça ne risque vraiment rien. Mais si tu y tiens, pourquoi pas ? Le village est accueillant ?"
"Je n'ai vu personne hier soir et j'ai passé la nuit dans une maison qui était ouverte. Tu peux en faire autant si tu veux. Tu pourras même manger et boire."
"Alors d'accord. On réparera ton avion demain matin."
Il reviennent tous les deux au village. Antoine montre sa radio à Gabriel, qui lui non plus ne voit pas comment la réparer.
Ils discutent en mangeant des fruits, de l'eau. Gabriel sort une flasque de whisky de sa poche. Ils se la partagent, mais Antoine fait bien attention de ne pas trop en boire. Au bout d'une heure, Gabriel commence à tenir des propos incohérents puis s'endort.
Le jour commençant à tomber, Antoine en profite pour essayer de repartir vers les avions. Il ne tient pas à passer une nuit comme la précédente.

3 possibilités

1) Antoine arrive sans encombre aux avions, fait démarrer le Polikarpov et exécute un décollage impeccable. Il s'éloigne rapidement. Il a l'impression que l'engin qu'il pilote a plus de valeur que le Cessna, Robert sera content.
2) En sortant de la maison, Antoine tombe nez à nez avec la fille brune qui le fait rentrer violemment. Elle a l'air surprise de trouver Gabriel.
3) Comme il s'apprête à sortir de la maison, Gabriel lui saute dessus et l'immobilise de ses longs bras tentaculaires. Apparemment lui non plus n'a pas bu beaucoup de whisky. "Salopard d'Antoine, tu pensais t'en tirer comme ça ?" (ari)
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- Salopard d'Antoine, tu pensais t'en tirer comme ça  ?

En deux temps trois mouvements Antoine se retrouve projeté contre le mur en chaux et s'écroule. Il s'assoit, un goût de sang dans la bouche. Sa lèvre inférieure est fendue. Il s'essuie d'un revers de manche et lance un regard interrogatif vers Gabriel.
- Raphaël Bagutti, tu as oublié ? C'est mon frère.
Antoine est de plus en plus surpris. Ce nom ne lui dit rien.
- Ouais, n'essaye pas de jouer au con avec moi où tu vas encore en tâter, dit-il en se frottant le poing.
- Je t'assure que…
- Ta gueule enfoiré. Après le casse de la  BNP, le fric a disparu. Il s'est fait descendre peu avant ton départ et n'a jamais touché sa part.Tu l'as flingué hein ? Où t'as foutu le fric ?
- Je ne comprends rien à ton histoire…
Antoine n'a pas le temps de finir sa phrase. Gabriel lui balance un coup de pied dans les côtes. Antoine roule sur le côté pour éviter le deuxième. Il esquive le coup et tente de se relever au moment où Gabriel se rue sur lui. Il plonge,  Antoine lui saisit une jambe et le fait basculer tête la première contre le mur. Sonné, Gabriel ne renonce pas. Antoine non plus.
Les coups pleuvent tout azimut. De coups en coups, les voilà titubant au seuil de la maison mordant le sable chacun à leur tour. Les gestes se font incertains. Les poings fendent l'air. Les jambes se dérobent. Haletants, sanguinolents, suants, puants, chancelants, ils s'écroulent l'un prés l'autre pour ne plus bouger.
- Salopard, murmure Gabriel après plusieurs minutes.
- Arrête répond Antoine difficilement. J'ai rien cambriolé … j'me contente de convoyer... sans poser de questions.
- Fred….tu le connais hein ?
- Mon patron ?
- Connard…Tu vas le payer...
- Le connard … c'est toi. Autrement dit tu me suis depuis Toulouse et tout ça pour rien…
- Fred Lerbiet, c'est lui qui t'a balancé, lui ou Otto….
- Mon patron ?!!!! Otto ?!!!!
- Ouais, fais pas l'innocent, c'est aussi lui le commanditaire…
- ??!!!!!
- Il y avait Raphaël, toi et Otto Bianchi. Otto est en taule…
- Salopard de Lerbiet. Je n'y étais pas, pas de casses je t'ai dit. Tu t'es fait enfumé.
- Prouve-le moi.
- D'abord on essaye de se traîner à l'intérieur. Ça cogne.

S'appuyant l'un sur l'autre, les deux éclopés regagnent l'intérieur.

- Après le casse, Raphaël s'est planqué un temps à Tanger. Il m'a contacté il y a un mois environ pour me dire que ça sentait le roussi et il m'a mis au courant au cas où. Lerbiet a tout organisé m'a-t-il dit. La banque, le plan des égouts. Une affadire en or, c'est le cas de le dire. Lerbiet leur a dit de se planquer tous les trois et qu'il ferait le partage plus tard, le temps que l'affaire se tasse. Raphaël a juste empoché de quoi se planquer. Puis il a eu des doutes quand il a appris l'arrestation d'Otto.
- Tiens, dit Antoine en lui tendant la flasque de whisky après avoir bu un coup, fait rouler le liquide dans sa bouche pour le cracher par terre avec son sang.
- Merci. Quand j'ai su pour Raphaël. J'ai eu une entrevue musclée avec ton patron. Il n'a pas nié le coup de la banque. Il prétend qu'Otto a passé un contrat avec les flics. J'ai cogné plus fort sans rien obtenir de plus que des explications confuses et des "Tonio" va payer. Alors, je suis allé voir Otto en taule. Pour lui, c'est ce salaud d'Antoine Romeo dit Tonio qui les a tous doublés ajoutant qu'il a filé au Sénégal avec le fric…
- Putain, mais je n'ai rien à voir avec ce mec. Bordel, demande à Lerbiet ! Je ne suis pas Tonio ! Mercadier, Antoine Mercadier et pas Romeo. Tu ne vois pas qu'ils t'ont monté un bateau. Saloperie de Lerbiet qui a du briffer Otto pour te mettre sur ma piste, une fausse piste. Cette livraison du Cessna, il m'a prévenu au dernier moment.
- Possible. Mais…..
- Mais quoi ? Parce que je bosse pour lui, j'ai flingué ton frère ? !!! Antoine hausse les épaules et rajoute: tu es en état de piloter ?
- Oui je pense, pourquoi ?
- On file enquêter sur Tanger d'abord. Qui sait on retrouvera peut-être la trace de Tonio. A moins qu'il ne soit mort lui aussi.
- Mais…
- Pas de mais Gabriel. Un village de fou, une histoire de fou et mon boss qui n'hésite pas à me foutre délibérément dans la merde. Bizarre. Il ne va pas s'en tirer comme ça. Le seul moyen d'en avoir le cœur net, c'est de faire équipe, tu piges ?
- Mais… Bon, ok je la ferme. Mais t'avise pas de te foutre de ma gueule ou je te saigne.
Antoine et Gabriel après un brin de toilette sommaire regagnent les avions.
- Tssssss dit Antoine. Et si Lerbiet avait planqué le fric dans le Cessna hein. Histoire que je le livre à mon insu à Dakar hein ? On démonte.
Antoine monte dans la carlingue et commence à fouiller le cockpit en tous sens en vain.
- T'es barge Antoine, on n'a pas le matériel pour découper. Il nous faudrait des semaines pour le démonter. Tu crois quand même pas qu'il a foutu le fric en évidence non, si fric il y a. De toutes les façons, le Cessna ne bougera pas. On file sur Tanger et on revient plus tard si ça vaut le coup.
- C'est prendre le risque que Lerbiet le retrouve entre temps. Mais tu as raison, on trouvera ce qu'il nous faut sur Tanger. Avant on va essayer d'en savoir plus sur la mort de ton frère et sur cet imbroglio.

C'est ainsi que que deux heures plus tard, le Polikarpov obtient l'autorisation d'atterrir. Tanger la mythique a perdu de sa superbe. Ce n'est plus q'une grosse bourgade qui somnole au soleil, habitée par les fantômes du passé.

Bardés de sparadraps, sales et poussiéreux, le cheveu en bataille, c'est ainsi que le patron d'un hôtel de troisième zone de la casbah voit débarquer Antoine et Gabriel. Il n'est plus à un client douteux prêt. Ici on ne pose pas de question et le client paye cash. Tout le monde y trouve son compte.
Les deux compères s'installent dans leur chambre spartiate - deux lits jumeaux qui semblent avoir vécus plusieurs vies, une chaise, une table, un lavabo, wc et douche sur le palier - Faisant fi de la propreté douteuse de l'ensemble, au diapason avec leur propre dégaine, ils décident enfin de se reposer. Demain, il serait bien  temps  de se rendre à la planque de Raphaël. Gabriel s'endort comme une masse sans même se déshabiller. Antoine sort son Zippo et allume une cigarette dont il savoure la première bouffée. Il repense aux événements des derniers jours. La mission, la panne, la fille irréelle, l'arrivée de Gabriel. Lui, qui était bien peinard, est pris dans un tourbillon inattendu mais au fond ce n'est pas fait pour lui déplaire. Il se dit qu'il devrait prendre une douche mais épuisé, il finit par s'endormir. Un visage de femme brune tournoie devant ses yeux sur fond de ronflements.

trois possibilités :

- Après une bonne nuit de sommeil pour Gabriel et agitée pour Antoine, les voilà en route pour la planque de Raphaël où ils font une découverte. michel
- Sitôt Antoine et Gabriel dans leur chambre, le patron de l'hôtel donne un coup de fil : " Allo ? Oui, il est là, c'est bien lui d'après la photo. Je fais quoi ? ".
- Au milieu de la nuit, branle bas de combat, Antoine et Gabriel sont réveillés par le bruit d'une porte qu'on défonce. Un homme se dresse dans la chambre arme au poing.
21.113.1 / PAGE 6  michel
Antoine suit Gabriel dans les dédales de la vieille ville. Gabriel semble particulièrement à l'aise dans ces petites ruelles. Il connaît les lieux, c'est certain. Ils arrivent devant une maison à deux étages. Gabriel inspecte la ruelle et lorsqu'il est bien sûr de n'être ni suivi ni surveillé, il pousse la porte de bois peinte en bleu. Juste en face de la porte, un escalier. Gabriel fait signe à Antoine de faire attention et de faire le moins de bruit possible. Ils commencent à grimper les marches. Gabriel en premier. Un palier. Derrière la porte de gauche on entend le son crachotant d'un poste de radio qui déverse de la musique. L'ascension reprend. Les marches craquent un peu. Ils parviennent au dernier étage. Deux portes identiques. Gabriel toque à celle de droite selon un code convenu et se recule de quelques pas. Antoine est toujours dans l'escalier, sur l'avant dernière marche. Dans un premier temps, Antoine pense qu'il n'y a personne mais son oreille est bientôt titillée par le bruit de pas traînants. Silence de nouveau. Quelques secondes et un très léger son de clé que lon tourne dans une serrure se fait entendre. La porte s'ouvre.
— Gabriel ! Entre, vite !
— Je ne suis pas seul, dit Gabriel en montrant Antoine du pouce.
— Raphaël ne cache pas son mécontentement mais s'écarte pour laisser entrer les deux hommes.
La chambre est sale. Elle n'est meublée que d'un lit en fer qui supporte un matelas crasseux sur lequel est roulée en boule une couverture de laine, d'une table sur laquelle est posée une bouteille de whisky presque vide, un paquet de cigarettes, un cendrier plein et une boîte d'allumettes. Devant la table, une chaise en bois qui menace ruine au dossier de laquelle pend un blouson. Au sol, une cuvette et quelques journaux français.
Gabriel fait les présentations et explique la situation à son frère. Raphaël, l'œil mauvais, dit qu'il ne fait pas confiance à Antoine et commence à engueuler Gabriel en lui demandant pourquoi il avait amené ce type jusqu'à lui.
— Il n'est pas armé, Raphaël. Il dit n'être pour rien dans cette histoire et j'ai confiance. Je pense que Lerbiet s'est servi de lui comme il s'est servi de toi.
— Salopard de Lerbiet. Qu'il crève en enfer, ce chien, répond Raphaël en se penchant pour se saisir d'un journal qu'il ouvre et tend à son frère.
— Lerbiet est mort ? S'exclame Gabriel. Mais alors, ça change tout.
— Ou rien, répond, morose, Raphaël.
— Il a été abattu de trois balles dans la tête lorsqu'il sortait de son domicile. C'est signé.
— Signé que dalle. Ça ne dit pas qui l'a tué et ça ne dit pas où est le fric.
— Lerbiet est, était, l'employeur de Antoine.
— Casseur aussi ? S'étonne Raphaël en dévisageant Antoine.
— Convoyeur d'avion, corrige Antoine. Je suis un honnête convoyeur d'avion. Je pilotais un Cessna en route pour Dakar lorsque je suis tombé en panne et que j'ai dû me poser près d'un village en pleine brousse, précise Antoine. Je n'ai rien à voir avec votre affaire et ne connaissais pas les activités criminelles de Lerbiet. Gabriel pense que je transportais peut-être le pognon dans mon appareil mais on n'a pas pu vérifier assez en profondeur.
— Il faut qu'on aille voir ton zinc. Il faut qu'on trouve du matériel, des outils. Ça, ça va être simple. Il va aussi falloir des armes et ça, c'est une autre affaire.
— On n'a pas besoin d'armes, proteste Antoine.
— Toi, tu la fermes, tu viens pas avec nous, répond Raphaël.
— Il a raison, Antoine, dit Gabriel. Il vaut mieux que tu restes à Tanger le temps que l'on aille s'occuper du Cessna tous les deux. Et puis, le Polikarpov n'a de la place que pour deux une fois le matériel chargé. File-moi les clés du Cessna.
Antoine hésite puis tend les clés. Gabriel les prend et Raphaël les lui arrache d'une main rapide.
— Ce porte-clés ! Putain ! Le salopard !
— Quoi le porte-clés ? Interrogent Gabriel et Antoine.
— Il est équipé d'un émetteur gps nom de dieu ! Répond Raphaël tout en le jetant à terre pour l'écraser sous sa semelle. Il le reprend finit de l'ouvrir et sort une petite plaque garnie de composants électroniques. Il la casse en deux et, attrapant son blouson, dit : « On se casse ! ».
Raphaël prend son sac, y fourre ses quelques affaires et les trois hommes dévalent les escaliers. Arrivés dans la ruelle, ils inspectent les passants et filent à la course pour rejoindre une grande artère et prendre un taxi pour l'aéroport. Deux heures plus tard, les trois hommes se sont tassés dans le Polikarpov et Gabriel est en communication avec la tour de contrôle pour le décollage.

3 propositions :

1) Le Polikarpov n'a pas le temps de décoller qu'une voiture arrive droit sur lui et que des balles commencent à siffler.
2) Le Polikarpov s'envole avec les trois hommes. Au bout d'un moment, Antoine remarque qu'ils sont suivis par un autre appareil. sax
3) Le Pokikarpov a pris les airs sans souci et vole vers le village quitté peu de temps auparavant. En le survolant, Gabriel et Antoine ont un haut le cœur. Le Cessna n'est plus là.