Roman C /  Antoine, prisonnier du désert
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Il rentre dans la maison, regarde par la porte de droite, puis par la porte de gauche et son malaise grandit. Seules deux pièces entièrement vides donnent sur l'entrée. Pas une chaise, pas un lit, pas de salle d'eau, pas de cuisine. Il prend une grappe de raisin, boit à même la carafe, s'allonge sur le sol. Il s'endort en moins de 5 minutes.
Quand il se réveille, la première chose qu'il remarque est qu'il fait grand jour. Par un rapide calcul, il estime avoir dormi au moins 12 heures, ce qui ne lui est pas arrivé depuis plus de 20 ans.
Jetant un regard soupçonneux vers la table, il voit que les fruits et la carafe d'eau ont été renouvelés, et qu'une chaise est maintenant devant la table. Et ce n'est pas le seul changement.
Une troisième porte est maintenant ouverte, sur le mur face à l'entrée. Il la franchit avec précaution, et trouve une salle d'eau. Il ressent un étrange soulagement en pensant qu'il ne sera pas obligé de faire ses besoins comme un chat.
Il prend une douche, sans même se poser la question d'une telle abondance d'eau en plein désert.
En sortant de la salle d'eau, il se retrouve face à un homme et une jeune femme. Il ne prend même pas la peine de cacher sa nudité, qui ne semble pas les déranger.
C'est l'homme qui prend la parole. "Bonjour Antoine, je suis Omar, et voici ma fille Amina. Nous somme honorés que tu aies passé la nuit sous notre toit."
Antoine pose toutes ses questions à la fois.
"Comment connaissez-vous mon nom ? Où suis-je ? Pourquoi m'avez-vous drogué ? Quand pourrai-je réparer mon avion et repartir ?"
Omar : "Antoine, sache qu'ici il vaut mieux garder ses questions pour soi. Pour ta dernière question, je peux répondre : jamais."
Antione : "Mais ce n'est pas possible, je dois rentrer en France, j'ai une femme, des enfants, des amis, un travail."
Omar : "Nous nous sommes occupés de tout. Tu n'es pas le premier étranger dont nous capturons l'avion. Nous avons admiré ta maîtrise lors de ton atterrissage forcé, tu est d'ailleurs arrivé au village plus vite que prévu. Tu as même eu le temps de passer un appel radio, ce qui va nous compliquer un peu la tâche. D'ailleurs le propriétaire de la radio a subi le châtiment qu'il mérite pour sa négligence. Mais asseyons-nous plutôt."
En disant cela, Omar effleure le mur et 2 nouvelles chaises apparaissent autour de la table.
Antoine : "Vous voulez dire que je suis prisonnier ? Quel sort me réservez-vous ? Et que se passera-t-il si j'essaye de m'échapper ?"
Omar : "Tu es notre hôte. Tu vas travailler avec nos autres hôtes au Projet. Et crois-moi, tu n'auras aucune envie de t'échapper. Pour aujourd'hui, nous te laissons notre maison, demain tu rejoindras les autres. Si tu as besoin de quelque chose, passe ta main sur le mur, il n'y a aucun danger et tu découvriras vite les commandes."
Omar et Amina quittent la maison.

par Sax

3 possibilités
1) Antoine passe les mains un peu partout sur le mur, ça ouvre et ferme des portes, allume et éteint les lumières. À un moment, un écran s'allume sur un mur, les informations d'une télévision française font leur gros titre sur son décès, et annoncent ses obsèques pour le lendemain. Un peu amer, il pense qu'il aurait bien aimé y assister.
2) Antoine se dirige vers la porte d'entrée. Lorsque la jambe franchit le seuil, une puissante décharge électrique lui fait perdre connaissance.( Michel )
3) Antoine a faim. Il mange une grappe de raisin, boit un verre d'eau et s'endort en 5 minutes.
Antoine se dirige vers la porte d'entrée. Lorsque la jambe franchit le seuil, une puissante décharge électrique lui fait perdre connaissance.

C'est un atroce cri de souffrance qui le réveille. Il lui faut quelques secondes pour comprendre que c'est lui qui crie. Il hurle de douleur, il secoue la tête, il est fiévreux. Ses yeux ne voient rien, ses oreilles n'entendent que ce cri déchirant qui lui vient comme un réflexe primal du plus profond de son corps. Une vague ombre retient son attention. Une personne est à côté de lui. Une femme. Elle tripatouille quelque chose à la tête du lit, un peu en hauteur. Il s'efforce à fixer son regard. Il discerne une potence artisanale au sommet duquel pend un flacon de verre. Il y a un tuyau souple qui part de ce flacon. Il tente de suivre son chemin. Il doit s'y reprendre à plusieurs fois. On vient de lui passer un linge humide sur le front. Il a mal, il se lamente, il hurle, il pleure. Il comprend que le tuyau est fiché dans son bras droit. Une perfusion. Il est à l'hôpital. Non. Ce n'est pas possible. Il se souvient. L'avion, le désert, les maisons, la décharge électrique. Il s'est évanoui. Il a été blessé et on le soigne. Il appelle, il crie, il délire et il perd de nouveau connaissance.
Il se réveille. La douleur est toujours présente mais elle lui semble plus supportable. Il a affreusement mal. Il appelle à l'aide. Une femme entre dans la chambre. Est-ce la même que tout à l'heure ? L'ambiance a changé. Il semble qu'il fasse nuit, à présent. On lui glisse une paille entre les dents. On l'invite à boire. Il se plie à l'invitation. Un nouveau coup de tissu humide sur le front. Il ne peut rien bouger hors la tête. Il tente de se redresser, la souffrance est trop importante, il renonce. Il se laisse retomber sur l'oreiller. La femme revient, elle a une seringue. Elle le pique au bras. Il sombre.
Il fait jour. La douleur est plus lointaine, plus diffuse. Antoine a soif, il a la gorge sèche, la langue comme collée au palais. Il réclame de l'eau. La femme apparaît, elle disparaît. Un moment et elle revient accompagnée du patriarche. Ils s'approchent. Elle lui donne à boire tandis qu'il se penche vers lui et l'observe en conservant le silence. Un échange de regards, elle s'en va.
— Comment vous sentez-vous ?
— J'ai mal, je souffre, j'ai soif.
— D'ici quelques jours, vous irez mieux.
— Ça va déjà mieux qu'hier.
— Vous êtes là depuis près d'une semaine.

Antoine essaie de se redresser. Il comprend qu'il est sanglé sur le lit.

— Laissez-moi me lever. Détachez-moi.
— Encore trop tôt. Et vous ne pourriez pas vous lever. Pas encore.
— Que m'avez-vous fait ? Que m'est-il arrivé ?
— Nous avons dû vous couper la jambe. Vous avez tenté de fuir.

Frappé par l'incrédulité, Antoine reste interdit. Il ne croit pas le vieil homme. On n'a pas pu lui couper la jambe ! Non ! Et quelle jambe d'abord ? Il essaie en vain de se redresser et tente de comprendre quelle jambe lui a été coupée. Ses sens le trompent. Droite ? Gauche ? La douleur est trop diffuse. Et à quoi bon le savoir ? Il a une jambe en moins. Point.

— Vous avez voulu fuir, vous avez dû payer. C'est la loi ici.
La douleur fait place à l'incompréhension et à l'abattement. Antoine ne peut retenir ses larmes. La femme revient, elle lui fait une nouvelle piqûre. Il s'endort.
Au réveil, la douleur est plus localisée. Gauche. C'est la jambe gauche qui a été amputée. Il le sait, à présent. Il ressent comme des décharges électriques. Sans doute les nerfs qui en savent plus que faire. Ils sont perdus quelque part au fond d'un moignon. Durant son sommeil, on a desserré ses liens. Il peut se redresser. Il soulève le drap. C'est bien la jambe gauche ou, plutôt, l'absence de jambe gauche. Elle s'arrête au-dessus de ce qui était son genou. Elle est remplacé par un énorme bandage. Il sent le sang battre sous cet amas de pansements. Il sent des contractions musculaires. Il est héberlué. Il ne croit pas ce qu'il voit. Il espère un cauchemar, un réveil. Il sait qu'il n'en sera rien.
Premier repas depuis longtemps. Une soupe claire et quelques fruits. Il n'a même pas de colère. Il s'en étonne. Il pense qu'on lui administre des calmants par la perfusion. Il est triste. Triste pour sa jambe perdue. Triste d'être arrivé dans ce village, triste d'être quelque part dans le désert, loin des siens, loin de chez lui.
Deux hommes arrivent chargés d'une sorte de brancard fait de branches et de lanières de cuir. Ils le prennent et l'emmènent hors de la maison. Ses yeux se ferment d'eux-même face à la lumière intense. Il est transféré dans une autre maison, un peu plus grande et munie d'une lourde grille équipée d'une serrure. Là, il découvre d'autres prisonniers. Certains sont éclopés. Un manchot, un borgne, un autre amputé de la jambe. Un autre a la moitié du visage arraché. Il se tord de douleur sur un bat-flanc. Il y a là une douzaine de personnes. On le dépose sur un lit improvisé. Pas de drap, pas d'oreiller. Les deux hommes sortent et il entend la clé tourner dans la serrure.

Par Michel

3 possibilités

1) Antoine tente de parler avec les hommes qui sont prisonniers avec lui. Il trouve un Allemand qui parle un peu le français.
2) Sitôt la porte fermée, ceux qui sont en mesure de se déplacer viennent à sa rencontre avec des intentions visiblement peu amicales. ( Shanti)
3) « C'est toi l'élu ? Hein ? C'est toi l'élu ? », lui demande un grand gaillard borgne à qui il manque la main du bras droit. « C'est toi l'élu ? Tu les as cru ? ». Il s'en va dans un coin en hurlant de rire.

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Sitôt la porte fermée, ceux qui sont en mesure de se déplacer viennent à sa rencontre avec des intentions visiblement peu amicales.
Il est bientôt encerclé par cinq gaillards peu avenants. Ils le toisent, le soupèsent du regard.
Antoine n'est pas en mesure de se défendre si les choses tournent mal. Il se déplace lentement à reculons, sans pour autant afficher ses craintes. Arrivé dos au mur de la cellule il se laisse doucement tomber.
Il est assis en face d'eux et leur fait signe d'en faire autant.
A sa grande surprise, les autres s'exécutent non sans émettre quelques grognements désapprobateurs. Les yeux dans les yeux, ils s'observent. Il doit leur parler, mais que leur dire ? Il attend le moment où l'un d'entre eux prendra la parole.
Ces quelques instants permettent à chacun d'évaluer la situation. Il est crucial que ces types comprennent qu'il est dans leur camp, dans la même « merde » qu'eux. Les secondes s'écoulent dans le silence le plus total.
Enfin l'un d'entre eux lui demande :
« Qui es-tu ? »
« Je suis aviateur »
L'autre :
"Qu'est-ce qui t'es arrivé ?"
«Je survolais la région en direction d'Orupembe lorsque que mon Cessna a tout à coup montré des signes inquiétants. J'ai très rapidement perdu de l'altitude et ai dû atterrir de toute urgence. »
Une voix s'élève à l'autre bout de la cellule :
« C'est également ce qui m'est arrivé, il y a de cela trois ans ! »
Antoine sursaute :
« Ça fait trois ans que vous êtes ici ? »
L'homme à qui il s'adresse n'a plus, comme lui, qu'une jambe, il est très maigre et semble à bout de force.
« Oui, trois ans dans ce « bordel », trois ans chez ces cinglés, trois années de bagne ! »
D'un regard circulaire Antoine passe en revue chacun des détenus. Ils sont douze. Certains sont encore vaillants, bien que mutilés, d'autres proches de leur fin. Il reprend la parole, il veut comprendre :
« Vous voulez dire que chacun d'entre vous est un naufragé du désert ? »
Tous hochent la tête.
« Et ces mutilations ? »
Un des plus proches lui répond :
« Tout comme vous, je suppose. Moi j'ai été nourri, logé, je pensais pouvoir réparer mon Tatra T815 et repartir. Mais jour, sans explications, ils m'ont emmené au fond de la mine. J'ai voulu m'enfuir, mais un gardien m'a retenu, je l'ai frappé d'un direct en pleine tête. Le gardien n'était pas seul, les autres m'ont ceinturé et amené au chef de la tribu. Ils m'ont amputé du bras droit, prétextant que toute rébellion était punie »
Antoine saisit tout le sordide de sa situation. Ce village avec ses habitants semblant si courtois est un pur enfer. Mais il ne comprend pas l'animosité des autres détenus à son égard. Il questionne :
« Je suis prisonnier, comme vous. Pourquoi cet antipathie que je ressens ? »
Un grand gaillard prend la parole, sa tête n'est que bouillie, son œil droit a été énucléé, mais son corps est encore fort et vigoureux :
« J'vais te l'dire. Ici on est douze, et seulement douze hommes peuvent descendre à la mine. Pas un de plus, car l'air y est raréfié et l'espace limité. Alors lorsqu'un treizième arrive on sait que l'un d'entre nous sera exécuté. Ils choisiront parmi les plus faibles, ou les forts en gueule, comme moi. Tu comprends maintenant ! »
Douze, Antoine ne peut s'empêcher de penser qu'il est Judas, le treizième, celui dont on ne veut pas. Au plus profond de lui l'animal rugit et se débat, il ne peut se résoudre à accepter la situation.


3 possibilités :

1) Il se dit qu'il doit bien y avoir un moyen d'échapper à ce funeste destin. ( michel )
2) Il est pris de panique et songe qu'il va se réveiller, étourdi après l'accident, aux commandes de son Cessna.
3) Il appelle les gardiens, tout à son désespoir, tambourine, hurle sous le regard indifférent de ces congénères.
Il se dit qu'il doit bien y avoir un moyen d'échapper à ce funeste destin.

Neuf jours que Antoine était enfermé avec douze autres hommes. Ils étaient quatorze en tout lors de son arrivée. Il n'avait pas remarqué l'homme qui était recroquevillé dans le fond de la cellule. Il n'avait même plus la force de gémir. Il est mort lors de la première nuit. Au matin, sa mort a été signalée aux gardes. Ils ont refermé la porte et sont revenus quelques minutes plus tard avec le brancard. Il a été amené hors de la prison. Depuis, ils étaient treize.
Chaque matin, avant que douze hommes partent pour la mine, les gardes amenaient le petit déjeuner. Une bouillie de céréales, de l'eau et quelques fruits. Les plus forts se jetaient sur la nourriture et ne laissaient aucun fruit et que trop peu d'eau. Antoine n'était pas encore accepté et sa jambe lui faisait un mal atroce. Il craignait plus que tout que son moignon s'infecte. Plusieurs fois par jour, il enlevait le bandage, nettoyait comme il le pouvait la méchante plaie suturée avec une vilaine ficelle. Il ne cessait jamais de souffrir plus de deux ou trois heures d'affilée. La douleur était lancinante ou brutale mais presque toujours atrocement présente.
Il avait tenté de se renseigner sur ce que les esclaves extrayaient de la mine. Il n'avait pas eu de réponse précise. On s'était contenter d'expliquer que ce devait être une certaine sorte de minerai mais que l'on ignorait lequel. Ils devaient creuser au fond d'une galerie durant une quinzaine d'heures par jour et sortir toute la terre et la roche. Le tri se faisait à l'extérieur et ce qui était conservé était l'objet de toute les précautions. Il semblait que l'on ne découvrait guère plus de cent grammes de minerai par jour de travail. Ce minerai était entreposé dans la maison du chef du village. On n'en savait pas plus.
Cela faisait neuf jours que Antoine était enfermé. On ne l'avait pas envoyé dans la mine jusque là. Cette nuit du neuvième jour, un homme mourut. Il avait été victime de l'effondrement d'une voûte dans un boyau de la mine. On l'avait sorti de là avec la boîte crânienne en partie enfoncée. On savait qu'il ne survivrai pas. Il s'agissait de Klaus, un Allemand à qui il manquait un bras, coupé juste après le départ de l'épaule. Il avait crié jusqu'à tard dans la nuit. De moins en moins fort ; de plus en plus dans le gémissement. Au matin, le brancard était venu et l'avait emmené. Antoine avait compris qu'il allait être envoyé à la mine.
Ce matin là, après une nuit trop courte, on l'a traîné dehors. Ses compagnons d'infortune l'ont soutenu pour le conduire à l'entrée de la mine. De là, il lui a fallu ramper. Il n'a pas mis longtemps à comprendre ce qu'il allait devoir faire. Avec un pic, il piochait la roche friable et remplissait des paniers avant de les pousser en arrière. Dans l'air vicié, dans la poussière, quinze heures par jour, Antoine creusait. Il n'avait que des notions très superficielles de l'étude des minerais. Il n'avait absolument aucune idée de ce qui pouvait être intéressant dans cette roche friable que l'on sortait de cette mine.
En revenant à la prison, en quelques jours, Antoine avait pu voir que le Cessna était peu à peu désossé. Il n'en restait plus rien, plus une trace. Il ne s'enfuirait pas grâce à lui. L'idée qui ne le quittait pas était celle de l'évasion. Il avait tenté d'en parler avec quelques uns de ses compagnons. On lui avait affirmé qu'il ne fallait pas y penser, qu'il fallait se résigner et attendre la fin. Les plus anciens étaient là depuis quelques mois. Ils avaient connu des hommes qui avaient tenté l'évasion. Leur fin avait été horrible. Antoine avait une idée. Il s'agissait d'utiliser la ruse de Edmond Dantès. Prendre la place d'un mort et sortir de là en se faisant passer pour lui. Il lui fallait juste savoir ce qu'il advenait des morts dans cette société. Personne ne le savait exactement mais il semblait probable que les corps étaient tout simplement déposés dans le désert, à la limite du village. On n'avait jamais assisté aux obsèques des morts de la prison mais on avait remarqué que les brancardiers étaient de retour au village en assez peu de temps. Moins qu'il n'en aurait fallu pour creuser et reboucher un semblant de tombe. Antoine fit part de ses réflexions et de son idée à deux de ses compagnons en qui il avait fini par avoir confiance et avec qui il pouvait parler. Bientôt, il fut établi qu'il était bien trop risqué de tenter l'opération sans en connaître plus. Mais comment savoir ce qu'il advenait de son corps après la mort ?
C'est l'un des hommes le plus mal en point qui avait entendu une conversation et qui finalement avait été mis au courant de l'intention de s'évader qui apporta un début de solution. Il avait des connaissances de chimiste et il savait qu'avec du soufre, du salpêtre et du charbon de bois, on pouvait faire de la poudre à canon. Le salpêtre, les murs en étaient couverts. Le soufre, il en avait trouvé dans la mine. Restaient le problème du charbon de bois et celui du moyen d'enflammer cette poudre à canon.
Mikhaïl, un Ukrainien taciturne et borgne, mis lui aussi dans la confidence, expliqua qu'il savait faire du charbon de bois. Il suffisait de trouver du bois ou, tout du moins, des brindilles. Antoine, quant à lui, avait trouvé comment faire du feu. Avec deux morceaux de bois, un dur et un tendre, avec un peu d'herbe sèche, on devait pouvoir se débrouiller.
Les semaines qui suivirent furent entièrement consacrées à réunir tout ce dont on allait avoir besoin. On récolta des particules de soufre et on ramassa tout ce qui pouvait ressembler à du bois ; on gratta les murs et on constitua une réserve de salpêtre. Antoine fut chargé d'allumer un feu. Il allait falloir que de ce feu on parvienne à préserver des braises qui tiennent pendant plus de quinze heures. Après cela, il allait falloir réussir à faire du charbon de bois sans éveiller les soupçons des gardes. Ce n'était pas gagné. La dernière partie du plan était la plus délicate. Il allait falloir que le mourant, le chimiste, se fasse passer pour mort, qu'il emmène avec lui à la fois le pétard artisanal que l'on confectionnerait et une braise qui lui permettrait de l'enflammer une fois que l'on l'aurait déposé là où on dépose les morts. C'était loin d'être gagné.
Un soir, plusieurs soirs après que la conspiration avait vu le jour, le chimiste avertit ses compagnons qu'il n'en avait plus pour longtemps et qu'il allait tout faire pour conserver suffisamment de vie pour mener à bien le plan imaginé. Toute la nuit, le mourant fut choyé et, au matin, il fut annoncé aux gardes qu'un homme était mort. Le brancard fut amené, le corps fut emmené. Toutes les oreilles étaient aux aguets et, quelques minutes après le départ du brancard, une faible mais distincte détonation se fit entendre. Comme il avait été envisagé, les morts n'étaient pas ensevelis mais juste déposés dans le désert. Le son semblait être venu du nord. On avait une lueur d'espoir.

Michel

Trois propositions :

1- Il est décidé que Antoine allait se faire passer pour mort et qu'ainsi il allait pouvoir fuir en clopinant sur son unique jambe et aller chercher les secours. 
2- Au terme d'une discussion, il est décidé qu'il convient de choisir un prisonnier en assez bonne santé muni de ses deux jambes pour candidat à l'évasion.
3- Quelque instant plus tard, la porte de la prison s'ouvre et deux hommes déposent le chimiste à même le sol. Il n'est pas mort mais on a pris la précaution de lui arracher les yeux.sax

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Quelques instants plus tard, la porte de la prison s'ouvre et deux hommes déposent le chimiste à même le sol. Il n'est pas mort mais on a pris la précaution de lui arracher les yeux.

Cette vision n'est pas faite pour remonter le moral d'Antoine et des autres. Ils lui font raconter son aventure.
"Comme nous le pensions, les morts ne sont pas enterrés, mais juste déposés dans le désert, juste à la sortie du village."
"J'ai donc été déposé là et, entre mes yeux à demi fermés, j'ai vu les ossements de nos pauvres compagnons. Tous les cadavres ont été parfaitement nettoyés, il doit donc y avoir des charognards dans les parages." "Malheureusement pour moi, j'ai été déposé sur un tas de poussière d'os et je n'ai pas pû retenir un éternuement. J'ai donc été découvert et voilà dans quel état je reviens. Je n'irai plus à la mine, et je vais donc mourir bientôt." "Antoine ne me ressemble hélas pas du tout, et ne pourra donc pas prendre ma place lorsque je serai évacué. Mais Kurt est sensiblement de la même corpulence que moi, et je pense donc qu'il est tout désigné pour jouer mon rôle. Ce n'est qu'une question de jours et nous pouvons préparer l'opération calmement." Antoine est impressionné par le calme de cet homme qui a été affreusement mutilé, qui sait devoir mourir bientôt et qui prépare leur évasion.
Son calme est communicatif, et ils passent les 3 soirées suivantes à échafauder le meilleur plan.
Il est donc décidé que Kurt se ferait passer pour mort à la place de Gérard (le chimiste). Pour éviter tout désagrément, il se remplira les narines d'un filtre réalisé avec des lambeaux de tissus. Il ne sera néanmoins pas gêné pour respirer.
Leur avis est qu'il ne court aucun risque avec les charognards qui, normalement, ne s'attaquent pas à des proies vivantes. Il pourra donc attendre la nuit pour s'éloigner du village.
Antoine se souvient parfaitement que, quelques kilomètres avant son atterrissage en catastrophe, il a évité de peu des arbres d'au moins 10 mètres de hauteur. Kurt devra atteindre cette "forêt", grimper sur le plus grand arbre, et lancer un SOS lumineux, et répéter cette opération toutes les nuits tant qu'il le pourra.
En s'activant la nuit et en se reposant le jour, il peut tenir 2 à 3 jours sans nourriture ni boisson, et il trouvera peut-être de quoi boire du côté des arbres. Leur espoir est que, à quelques kilomètres de là, un autre village plus pacifique voie les signaux et envoie des secours.
Kurt est totalement d'accord avec ce plan, qui au moins lui donne l'espoir de ne pas mourir au fond de la mine. Pour augmenter ses chances, Gérard lui propose même de prendre un peu de ravitaillement sur son cadavre, mais Kurt refuse avec la plus forte énergie.
La santé de Gérard décline rapidement et, au bout de 4 soirées, il est devenu évident qu'il ne passera pas la nuit. Le plan peut se mettre en place.

3 possibilités :

1) Tout se déroule exactement comme prévu. Kurt est déposé à la sortie du village, il atteint en moins de 3 heures les arbres et commence à émettre ses signaux lumineux. Il trouve même de sfruits comestibles et de l'eau.
2) La nuit même, Kurt est pris de vomissements et de saignements et il meurt quelques heures après Gérard. Personne n'est prêt à prendre la place de l'un ou de l'autre. arielle.
3) Kurt est déposé à la sortie du village. La nuit venue il commence à s'éloigner et est bientôt rejoint par une fille brune qui veut l'accompagner.