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Antoine
est totalement sous le charme de l'anneau et de sa belle compagne,
ensemble ils se tournent vers l'homme. Ce dernier le revêt d'une armure
et d'un heaume, il doit, pour prouver sa bravoure aller combattre le
monstre qui hante la cité et retient prisonnier le roi des elfes et qui
est également la cause de sa panne dans le désert. La fraîcheur gagne sur la tiédeur au fur et à mesure que la nuit avance. Sous la musique des flûtes d'argent et des tambourins, Antoine continue à se préparer pour aller combattre le monstre de la cité lointaine et libérer le roi des elfes. Après l'armure et le heaume, on lui a apporté un solide sabre et un poignard à la lame épaisse. Deux hommes vont l'accompagner dans sa dangereuse mission. L'heure du départ est proche. On a seller des tamanoirs que l'on a lesté de provisions d'eau et de nourriture. Tout le village est en cercle autour des hommes qui fignolent les préparatifs et Ahila s'approche de son héros pour déposer un baiser sur sa bouche. L'heure est aux adieux. Il faut partir avant l'apparition de l'aube. Antoine n'a encore jamais de sa vie voyagé à dos de tamanoir. Il ne connaît pas ces animaux et s'attend à une allure pataude et nonchalante. Ainsi ne prend-il pas suffisamment la peine de bien contrôler son assise et éperonne-t-il un peu trop vigoureusement les flancs de sa monture qui se cabre avec énergie et fait chuter le chevalier qui se relève perplexe en époussetant le sable de son armure. Il remet son heaume en place, récupère sabre et poignard et, avec un petit sourire gêné, en s'excusant, remonte sur son tamanoir qui le regarde d'un œil noir sous les regards inquiets et perplexe de la population qui est en train de se demander si elle a fait un bon choix en voyant en Antoine son sauveur. La musique s'est tue et dans les rangs muets on essaie de croire encore en la capacité de l'aviateur venu du ciel à venir à bout du terrible monstre qu'il aura prochainement à combattre. L'incrédulité et le doute génèrent une vague odeur légèrement âcre qui dit la peur et la confiance en berne. Cette fois-ci, Antoine y va avec circonspection et incite son tamanoir à avancer en flattant délicatement son flanc d'une tape hésitante. Le tamanoir baisse la tête en signe d'acquiescement, se ramasse sur lui même, courbe l'échine et frétille de l'arrière train avant de bondir dans les airs. Antoine ne s'attendait pas à ce que son tamanoir s'envole et il serre les cuisses dans la masse de la profonde fourrure pour conserver un semblant d'équilibre. Légèrement penché en avant, les bras qui frappent l'air de la nuit en moulinets désespérés, les yeux qui jettent des appels de détresse, Antoine croit sa fin proche. Il ose un instant regarder vers le bas et déjà le village ne lui apparaît plus que comme un ensemble de petits points lumineux vacillants qui sont les torches brandies par le peuple de Ahila. Il se retourne et est soulagé de voir ses deux compagnons qui le suivent avec aisance, se payant le luxe de faire des figures d'acrobatie aérienne. L'un d'eux s'approche de Antoine et lui enseigne avec force gestes le meilleur moyen de tirer parti des ressources insoupçonnées de ces montures. En quelques minutes, Antoine est déjà plus rassuré. Il a compris que le pilotage du tamanoir devait s'exercer avec la plus circonspecte des finesses et douceurs. Une légère pression de la pointe du pied pour virer, un léger déplacement des fesses vers l'arrière pour grimper, une subtile inclinaison vers l'avant pour accélérer. Il ne se sent cependant pas encore fin prêt pour expérimenter la voltige aérienne et les loopings seront pour plus tard. Deux jours et trois nuits, les trois hommes et les trois tamanoirs volent sans jamais se poser au sol et, un matin, Antoine peut voir un paysage qui n'a plus rien du désert qui était survolé jusque là. Derrière une mince chaîne montagneuse aux sommets comme des aiguilles acérées blanchies de neiges éternelles, un panorama fait de forêts denses et aux multiples teintes de vert, de lacs et de rivières coulant en traçant de larges arabesques se dévoile sous ses yeux. Un paysage tout bonnement fascinant. Les trois guerriers descendent de quelques centaines de mètres et volent à vive allure presque à hauteur de canopée, en compagnie d'oiseaux colorés et curieux qui virevoltent d'étonnement autour d'eux en leur souhaitant la bienvenue de leurs chants enjoués. Antoine a le sourire. Ce qu'il a sous les yeux lui retire tout à fait les craintes qu'il nourrissait depuis son départ. Il s'attendait à des paysages désolés et noirs d'avoir trop longtemps brûlé, de montagnes calcinées et de gouffres profonds et insalubres, d'animaux hostiles et de monstres cruels et avides de sang et le voilà survolant un paradis enjôleur. Il va pour dire son bonheur à ses compagnons de route et se retourne vers eux. Il voit là où il attendait des sourires béats des mines sévères et inquiètes, il sent de la crispation et de la tension là où il ne propose que détente et relâchement. Il ne comprend pas et fait part de cette incompréhension aux deux guerriers qui, les dents serrées et la sueur au front lui expliquent que l'anneau a le pouvoir magique de distordre la réalité au point de donner l'apparence du merveilleux à l'horrible indicible. Antoine hésite, pose les yeux sur l'annulaire qui porte l'anneau, hésite encore et d'un geste rapide l'enlève. Il ne peut refréner un puissant cri d'horreur venu du plus profond de sa gorge. Ce qu'il a sous les yeux est une abomination sans égale, une monstruosité sans nom, une laideur absolue. Il a soudainement envie de vomir. Il sent son échine se glacer sous la cascade de sueur qui s'est mise à couler. Il se retourne vers ses compagnons et ne comprend pas tout de suite. Il doit baisser son regard vers sa monture pour se persuader qu'en fait de tamanoir volant, il est assis sur un dromadaire puant et galeux. Son regard affolé court en tous sens et les oiseaux de couleurs ne sont plus que d'affreux insectes piquants et suceurs de sang, les vertes forêts une maigre savane pelée, les lacs des mares infectes et puantes, les rivières ondulantes des rigoles dont émanent des gaz pestilentiels. Le sol poussiéreux est hérissé de cailloux coupants et pointus et les dromadaires ont de la difficulté à progresser. Dans le lointain, à quelques kilomètres, se dresse la cité de destination au haut d'un monticule aride. Antoine sent une boule de serrer dans sa gorge et il repasse son doigt dans l'anneau. Il se sent mieux mais, tout de même, maintenant, il sait. Une belle musique joyeuse parvient aux oreilles de Antoine alors que les portes de la cité ne sont pas encore visibles. Antoine sait maintenant que cette musique n'est sans doute rien d'autres que les grognements atroces du monstre qu'il est venu combattre. La puissance de cette musique, de ces cris, entendue à pareil éloignement en disent long sur ce qu'il va falloir combattre avec ce sabre ridicule et ce poignard minuscule. Antoine se demande encore pourquoi et comment il a pu accepter pareille mission périlleuse et sans doute perdue d'avance. Les deux guerriers suivent Antoine en laissant de plus en plus d'avance au héros et en montrant de moins en moins d'entrain à aller combattre. Le trio s'arrête bientôt au bas des fortifications. Un petit raidillon mène à la porte principale. Pour mieux se rendre compte de la situation, Antoine ôte l'anneau. De chaque côté du chemin, des potences portent des pendus décharnés auxquels s'attaquent des nuées de corvidés criards aux plumes engluées de graisse et de sans poisseux. Les murs de la citadelle sont noirs de suie et les douves sont remplies à ras bord d'un liquide bouillonnant qui laisse échapper fumeroles nauséabondes et vapeurs corrosives. La grande porte de bois est fermée. Antoine se tourne vers ses guerriers pour demander conseil. Les deux hommes haussent les épaules en signe d'impuissance et d'ignorance. Ils semblent lui dire de faire pour le mieux mais ils prennent bien garde de trop s'approcher de la porte. Ils sont restés en bas de la pente d'accès et tout donne à penser qu'ils sont disposés à fuir à toute vitesse dès que les événements le recommanderont. Antoine hésite beaucoup mais il finit par faire baraquer son dromadaire et à mettre pied à terre. Les minces sandales parviennent mal à protéger ses pieds de la poussière brûlante qui couvre le sol. Antoine s'approche avec la plus extrême prudence de la porte et commence l'inspection jusqu'à ce qu'il trouve une petite chaînette dorée terminée d'une poignée de bois délicatement ouvragé. Il tire sur la chaînette et un carillon subtil se fait entendre de derrière l'épaisseur du bois de la porte. Antoine recule de quelques pas et attend. A peine une minute s'est écoulée lorsque le bruit d'une clé tripatouillant les entrailles d'une serrure se fait entendre. Antoine recule encore de quelques pas. Les deux guerriers pensent à un repli stratégique de la part de leur chef et commencent à opérer un demi-tour un peu précipité. Antoine leur jette un œil plein de courroux. Dans un très léger grincement, la porte s'ouvre. Pas en grand, non. Juste ce qu'il faut pour laisser passer un homme. Rien de plus. Le problème, c'est qu'il ne se passe rien de plus. Antoine s'attendait soit à être réduit en un petit tas de cendres fumantes, soit à être accueilli par un cerbère qui, au moins, lui aurait demandé l'objet de sa visite matinale. Mais là, non, rien. Juste cette porte qui s'ouvre un peu comme une invitation pas trop sincère à entrer. Il y a matière à hésiter, reconnaissez-le. Les deux guerriers qui se sont encore un peu éloignés font signe d'entrer à Antoine en montrant une sorte d'agacement face à l'hésitation froussarde de leur maître, le sauveur du roi des elfes. Vite, Antoine passe la tête par l'ouverture pour jeter un coup d'œil. Il passe la tête encore une fois, regarde un peu plus longuement et finit par pousser la porte plus largement. Il prend le risque d'avancer le torse puis une jambe puis de faire un pas. Il est à présent dans la place et, mais il fallait s'y attendre, la porte se referme avec fracas derrière lui. En s'entrechoquant, les dents et les genoux d'Antoine produisent une forme musicale et rythmique assez intéressante mais ils indiquent avant tout que la peur est en train de gagner la partie. Tenant le sabre à deux mains devant lui, Antoine est prêt à défendre chèrement sa peau. Contre toute attente, le danger ne lui saute pas à la gorge. Tout est même trop calme. Il aurait presque envie que le combat commence rapidement quitte à ce que son issue ne lui soit pas favorable, qu'on en termine une fois pour toute, Antoine. De la petite place qui s'ouvre sur la porte principale de la cité partent trois ruelles dont une semble partir vers le centre de l'enceinte fortifiée et vers la tour grisâtre qui surplombe tout. Les portes et fenêtres de toutes les petites maisons sont closes et Antoine ne voit et n'entend aucun signe de vie lors de l'ascension vers la tour. A mi chemin, il se retourne pour constater que ses deux courageux compagnons se sont encore éloignés et qu'ils ont amené avec eux son dromadaire. Il a alors la certitude qu'il va devoir mener le combat seul. Il s'y est résigné et reprend la grimpette. Arrivé au bas de la tour, il avise un panonceau de bois scellé dans le mur juste à hauteur d'œil à côté de la porte. Il ne parvient pas à lire ce qui est écrit dans une langue qu'il ne connaît pas et tire la chevillette qui fait choir la bobinette. La porte s'ouvre sur un escalier en colimaçon. Il commence à gravir les marches usées et glissantes en se plaquant contre le mur et en brandissant son sabre, préparé à parer une attaque du monstre. Soudain, le cri horrible qu'il entend comme une douce mélopée à cause de l'anneau surgit de nouveau. Le front perlé de sueur, il continue de monter l'escalier. Le son vient de plus haut, de bien plus haut. Il monte. Il lui faut presque une heure (mais il n'a pas de montre) pour atteindre enfin une porte derrière laquelle, le cri déchirant en fait foi, se tapit le monstre qu'il doit combattre. Il se met en position, prend de l'élan et fonce épaule baissée contre la porte. En dépit de ses craintes, l'ouverture n'offre aucune résistance particulière et c'est à toute vitesse et en manquant de se casser la figure que Antoine fait une entrée fracassante dans la pièce. Il pivote sur un pied, manque s'affaler, retrouve son équilibre, brandit le sabre et voit enfin le monstre retranché dans un coin de la pièce ronde, la gueule grande ouverte qui laisse surgir un cri déchirant. Antoine constate à cet instant que l'anneau a glissé de son doigt dans la précipitation. Ce qu'il a sous les yeux est encore plus affreux que ce qu'il n'avait jamais pu imaginer. Un être difforme et immense, obèse et couvert de pustules purulents, qui laisse échapper un torrent de bave d'une bouche ouverte et partiellement édentée laissant échapper le plus déchirant des cris jamais entendu dans toute la création. Antoine assure la prise du sabre de ses deux mains et fonce en lâchant un cri de guerre droit en direction du cœur du monstre qui n'a que le temps de tenter de repousser la lame de ses mains. Le sabre s'enfonce jusqu'à la garde dans le corps du monstre qui s'affale dans un râle de supplicié avant d'agoniser en se tordant de douleur. Antoine recule et il n'en croit pas ses yeux. Il vient de vaincre le monstre ! Un sourire compulsif lui vient au visage. Il se frotte les mains comme pour se dire que le travail est fait. Déjà, il se prépare à redescendre l'escalier et à rejoindre les lâches compagnons au delà des murs de la citadelle lorsque le sol et les murs se mettent à trembler, d'abord presque insensiblement puis de plus en plus fortement. Il entend de lourds pas monter l'escalier de pierre, il va pour s'emparer de son sabre toujours fiché dans le corps du monstre lorsqu'un être inimaginable apparaît dans l'encadrement de la porte et la bloque toute tant sa taille est gigantesque. Alors, une voix caverneuse et éraillée s'adresse à lui en ces termes : — Pourquoi as-tu tué le roi des elfes ? Tu as tué mon pire ennemi et les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Descendons fêter notre rencontre autour d'un festin digne de toi et de ton geste de bravoure ! michel Trois propositions : 1) Avant de descendre, Antoine retrouve son anneau magique. Il le glisse à son doigt et se retrouve réduit à une taille liliputienne. 2) En récupérant son anneau et en le passant à son doigt, Antoine comprend la méprise. Le roi des elfes, mort, est bien beau comme un elfe. Il regrette sa méprise et descend derrière le monstre dans la salle à manger. 3) Antoine récupère l'anneau et le passe au doigt du roi des elfes pas encore tout à fait mort qui ressuscite totalement. (shanti) |
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Antoine
récupère l'anneau et le passe au doigt du roi des elfes pas encore tout
à fait mort qui ressuscite totalement. Rassuré, pour ne pas dire soulagé, Antoine glisse un clin d'œil à ce beau roi revenu à la vie, lui faisant comprendre par ce signe qu'il vaut mieux, pour l'instant qu'il se fasse passer pour mort. Tandis que de son côté il ira gueuletonner avec son geôlier, l'elfe aura tout loisir de s'évader. Mais le roi n'est pas un elfe pleutre, sitôt il est debout, fait face à Antoine, qui se sent, il faut bien l'avouer, un peu confus. « Imbécile ! » lui décoche Aranruth, titre que l'on pourrait traduire littéralement par « La Colère du Roi » et prestement il arrache le sabre des mains de ce moins que rien. Au son de cette voix, le monstre se retourne, il n'en croit pas son œil. Oui ce monstre, tout de muscles saillants, est un descendant des Cyclopes. Il ressent une puissante haine à l'égard de ces êtres abjects, les elfes, êtres les plus répugnants que toute la création ait jamais portés. Ces elfes lumineux l'aveuglent lui qui aime les ténèbres, l'étourdissent de leur voix fluette, leur odeur même le répugne. Ivre de colère il s'élance vers cette créature abominable. Antoine tente vivement de s'éloigner de ce qui s'annonce être une belle bagarre. Mais emprunté dans son armure à laquelle il ne s'est pas encore habitué, il s'étale et poursuit sa chute en tourneboulé dans l'escalier. Ainsi propulsé de marche en marche il atteint de plein fouet Dronte, le monstre, qui a son tour perd l'équilibre et dévale sur le dos le reste des marches. Imaginez un peu le vacarme que provoque cette double chute ! Ce chambard attire les deux compagnons d'infortune d'Antoine, qui jusque là étaient restés bien à l'abri. Mais, à la stupéfaction générale, ce tapage est aussitôt suivi d'un rire cristallin, et ils découvrent, plié en deux, Aranruth qui rit à en pleurer : « l'imbécile, l'im-bé-ci-le ». Les deux autres s'approchent, comprennent ce qu'il vient de se produire, et à leur tour (le caractère elfique étant plutôt enjoué) éclatent d'un rire clair comme l'eau d'une cascade. C'en est trop pour Dronte, qui d'un coup de pied se débarrasse de l'encombrant Antoine, et remonte l'escalier tel un bulldozer. Il fonce sur ces maudites créatures, qui bien vivement, sont stoppées dans leur hilarité. Les deux courageux compères se placent derrière Aranruth, brandissant son arme. Il lui faudrait atteindre l'œil du Cyclope, mais celui-ci faisant le double de sa taille, cette prouesse lui est impossible. Il vise alors son flanc mais ne parvient qu'à sectionner la ceinture de son pantalon qui tombe tout de go laissant apparaître un slip de coton blanc imprimé de jolis petits cœurs roses. C'est au tour d'Antoine de rire et de se moquer. Dronte se retourne vers l'impudent, il n'a pas l'habitude que l'on se moque ainsi de lui, mais les elfes non plus n'aiment pas être traînés dans le ridicule, et se sentent également blessés. Dronte finit d'ôter son falzar et c'est sans se concerter aucunement, que suivi des trois elfes il fond sur Antoine. L'homme n'écoute que son courage et dans un « sauve qui peut » court au plus vite vers une éventuelle sortie, contourne la table dressée, qui, il le constate au passage, présageait d'un délicieux festin. Mais pas de porte en vue, il fait alors volte-face et s'engouffre sous la table. Dronte tout proche et bien décidé à en finir avec ce zouave, se glisse à son tour sous le meuble, mais il n'a pas réfléchi au volume que représente son corps, et bien vite se retrouve coincé. A la vue de ce postérieur offert les elfes farceurs s'en donnent à cœur joie, et d'un pied agile lui percutent l'arrière-train. « MAUDITS ELFES, MAUDIT HOMME, MAUDITE TABLE !!!» s'écrie Dronte rouge de rage, il n'en peut plus, il va éclater, sa force, sous la fureur qui le submerge, va bientôt faire voler en éclats cette table scélérate. Mais Antoine qui a atteint l'autre bout ne tient pas à voir cette créature en fureur, très peu pour lui. Il court à perdre haleine vers la sortie, refait le parcours en sens inverse, impatient d'être à l'air libre. Les elfes dans leur sagesse légendaire, ont eu aussi pris le chemin du départ. 3 possibilités : 1) Antoine est enfin à l'extérieur, il se rue sur un des dromadaires-tamanoirs. Mais à sa stupéfaction celui-ci ne bouge pas. Il lui faut pour se mouvoir être accompagné d'elfes. Et pour l'instant Antoine est seul. 2) Les elfes ont suivi le même raisonnement qu'Antoine, mais au moment où ils s'approchent de la liberté, la lourde porte de bois se referme les faisant prisonniers de cet affreux domaine. 3) Le bois a cédé sous la colère de Dronte et la table vole en éclats. C'est un Dronte rugissant et écumant qui se redresse et de son pas lourd engage une poursuite dans les interminables couloirs de sa citadelle. Bientôt il dépasse sans même les voir, les trois elfes interloqués. C'est à présent à Antoine qu'il en veut et à lui seul. Pire qu'un elfe cet animal est devenu l'homme à abattre ! michel |
Le
bois a cédé sous la colère de Dronte et la table vole en éclats. C'est
un Dronte rugissant et écumant qui se redresse et de son pas lourd
engage une poursuite dans les interminables couloirs de sa citadelle.
Bientôt il dépasse sans même les voir, les trois elfes interloqués.
C'est à présent à Antoine qu'il en veut et à lui seul. Pire qu'un elfe
cet animal est devenu l'homme à abattre ! — Tudieu et palsembleu ! Le Dronte n'est pas dans un bon jour. Il écume de colère et, de grosses échardes fichées dans la couenne qu'il a pourtant épaisse et solide, il arpente les couloirs, les pièces et les escaliers de son château à la recherche du misérable homme qu'il compte bien broyer, démantibuler, écharper, écraser et écarteler. Il fulmine, le Dronte. Il saccage tout sur son passage. Les portes volent en éclat, les meubles explosent sous ses coups, les murs se lézardent à chaque coup de poing rageur. Les cris assassins se font entendre à cent lieues à la ronde et, dans les campagnes, les mères serrent les enfants contre leur poitrine en tremblant de peur. Dehors, les elfes assistent à ce spectacle paisiblement. Ils ont sorti un jeu de cartes et ont commencé une partie. On a aussi ouvert les paris. Qui de Antoine ou du Dronte allait sortir vainqueur de cette aventure épique ? Antoine est vraiment bête et pas dégourdi mais le Dronte n'est pas bien intelligent non plus. Si le Dronte est indubitablement doté d'une force supérieure, Antoine peut compter sur sa lâcheté qui lui fera éviter la confrontation et titillera peut-être un peu son intelligence. Au moment où Aranruth coupe à cœur et remporte le pli, le Dronte vient de démolir le toit de la tour nord. Les poutres s'envolent dans un nuage de tuiles fracassées qui s'écrasent au sol dans un fracas poussiéreux. — Dix écus sur l'homme, dit Pirketou — Tenus, lui répond Mieukeriun — Et pique ! Jubile Aranruth qui emporte le pli une fois de plus. Les murs d'enceinte de la citadelle sont en train de vaciller et les trois elfes décident de poursuivre la partie un peu à l'écart. Cela fait maintenant trois heures que le Dronte détruit méthodiquement son château. Il commence à fatiguer. D'autant plus qu'il a raté son déjeuner. Du haut du donjon qui fait penser à un chicot ébréché planté dans une mâchoire dévastée, il crie au monde entier son désarroi et sa colère. Il en arrive à appeler Antoine à la raison. Qu'il se rende et que l'on en finisse une fois pour toute. Il promet de l'occire proprement et rapidement. Il ne souffrira pas, c'est juré. Et la fureur reprend de plus belle, les escaliers sont dévalés, les pierres sont concassées. C'est comme une tornade qui se serait emparée du domaine du monstre géant et qui détruirait tout sur son passage. Tout à sa colère, le Dronte ne s'est pas encore rendu compte de l'absurdité de ses actes. Il va lui falloir du temps et de l'argent pour rebâtir son château. La colère est mauvaise conseillère et les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Pendant ce temps, Antoine a écouté sa couardise et, la peur au ventre, il s'est caché dans les toilettes. Son raisonnement tient la route. Il s'est dit qu'un monstre vraiment très en colère ne devait même pas penser à aller faire pipi ou caca. Les toilettes du monstre ont dérouté Antoine par leur taille, dans un premier temps. Il est resté méditatif face à l'importance du trou avant d'admettre qu'il fallait au moins ça. De fait, il n'avait jamais vu de toilettes « à la turc » aussi impressionnantes. Aussi sales et malodorantes non plus mais il ne pouvait pas non plus écarter totalement que ce qu'il avait déposé au fond de sa culotte au plus fort de sa trouille n'était pour rien dans cette pestilence nauséabonde. Quoi qu'il en soit, si la cachette avait été efficace jusque là, elle commençait à donner de l'inquiétude à Antoine. Les murs couverts d'un ravissant carrelage à motif floral jusqu'à mi-hauteur se fissuraient sérieusement et laissaient penser qu'ils ne parviendraient plus longtemps à cacher sa présence au Dronte. Il n'y avait guère qu'une solution pour s'échapper tout à fait et cela ne réjouissait pas Antoine. Comme le pas lourd du monstre s'approchait, il fit contre mauvaise fortune bon cœur et, se bouchant le nez, il se laissa tomber dans le trou des latrines. Il dévala les tuyauteries comme un enfant s'amuse d'un tobogan et atterrit à l'extérieur de l'enceinte de la forteresse, presque aux pieds des elfes qui rangèrent les cartes et se levèrent. — Tu me dois 30 écus ! — Vous voilà enfin, Antoine ! Mais dans quel état ! Bon... En selle, on file de là. Mais restez en arrière, bien loin de nous, rapport à l'odeur, déclara Aranruth en tordant le nez. En route ! 3 propositions : 1/ Le monstre enfourche sa monture, un dragon ailé, et pars à la poursuite de Antoine. shanti 2/ Sur le chemin du retour, le dromadaire d'Antoine tombe en panne. Antoine doit rester sur place dans l'attente des secours. 3/ Arrivés à une oasis, Antoine se dit qu'il va pouvoir enfin boire et manger. |
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Le monstre enfourche sa monture, un dragon ailé, et pars à la poursuite de Antoine. Antoine, a dû, pour se faire accepter de son tamanoir tant son odeur est repoussante, lui offrir une barre chocolatée tirée de son paquetage. Le voici enfin qui s'envole, il était temps, car Dronte décolle de la seule tour encore debout après le désastre causé par cette poursuite infernale et la fureur du monstre. Boosté par les vitamines qu'il vient d'ingurgiter, le tamanoir fend l'air tant et si bien qu'Antoine doit s'accrocher désespérément à sa crinière pour ne pas être désarçonné. Le dragon de Dronte, n'est pas loin, déjà il sort son artillerie, gonflement des joues, expulsion de gaz, projection de lames de feu, glaires calcinées concrétisées en scories incandescentes. « Aïe ! Ouille ! » Antoine esquive quelques uns de ces projectiles, quand soudain une forte odeur de roussi atteint ses narines. Un coup d'œil vers l'arrière … et oui ! c'est bien cela, la queue du tamanoir vient de s'embraser. La pauvre bête hurle de douleur et chute en piqué, Antoine cramponné, voit sa fin proche, mais les dieux l'accompagnent … en contrebas il aperçoit une oasis dans laquelle plonge sans hésiter sa monture affolée. « Psssch ! » l'effet est immédiat et le résultats à double effet. « Deux en un » pense Antoine dont la société de consommation a imprégnée son cerveau « Extinction du feu et décrottage instantané ! ». Mais cette plongée provoque également un décuplement de la colère de Dronte, qui bien entendu n'a pu poursuivre sa proie. Le dragon qu'il chevauche est un spécimen lourd, adapté à la corpulence de son cavalier, les manœuvres de ce fait sont plutôt lentes, et il faut un temps à Dronte pour faire faire demi-tour à son dragon ailé. De leurs côtés Antoine et son tamanoir émergent promptement, repartent en vol, prenant de l'avance sur leurs poursuivants et filent, cherchant à rattraper les elfes peu soucieux de venir en aide au malheureux infortuné. Après tout, c'est Antoine et lui seul qui a provoqué la fureur de Dronte, s'il s'était laissé prendre tout ceci ne serait arrivé. D'ailleurs les trois compères ont atteint un point culminant, sur un des éperons rocheux que forment la chaîne de l'Oudaï, applaudissent lors de la plongée dans les eaux claires de la nappe d'eau salvatrice, et suivant d'un œil la progression de Dronte, encouragent Antoine dans la poursuite qui reprend de plus belle. Ils sont au spectacle, les elfes, rien ne peut leur faire davantage plaisir, ça n'est pas si souvent qu'un tel drame se joue en direct, et il faut bien le reconnaître, les comédiens sont excellents dans leurs rôles ! Mais tandis que certains s'amusent, d'autres ne rigolent pas, mais alors pas du tout. Le dragon est bien calé derrière son ennemi, il a repris ses tirs en rafale, et le pauvre tamanoir a beau zigzaguer, il faut bien reconnaître qu'il a chaud aux fesses ! Malgré tout il s'approche rapidement de la chaîne montagneuse, où les elfes s'amusent. Mais notre tamanoir, n'a rien d'un animal ordinaire, vous vous en doutez bien, et dans un « Sauve qui peut » atteint la vitesse d'un supersonique, sa vision s'adapte alors à la situation. Son écran-radar lui dévoile une trouée entre deux à-pics et sans une hésitation aucune, s'y engouffre, au grand désarroi d'Antoine qui, courage oblige, ferme les yeux pour ne pas voir la catastrophe dont il sera le héros à titre posthume. Le dragon ailé a lui aussi mis les gaz, il n'est plus qu'à quelques mètres de sa victime, et tandis que cette dernière s'introduit dans le goulet, Dronte et sa monture, dont la masse est trois fois supérieure à celle de sa proie, viennent s'écraser lourdement contre la paroi rocheuse. C'est alors un mini séisme qui secoue l'ensemble de la chaîne et fait choir les trois elfes rigolards. 3 possibilités : 1 – C'en est fini de Dronte qui n'est plus que chairs éparpillées. Son dragon ne vaut guère mieux. La malédiction de Dronte semble s'achever là. 2 – Les elfes se voient déjà morts. Mais apparaît dans le ciel l'Aigle Royal envoyé en éclaireur par Ahila, inquiète et tremblant de peur sur le devenir de son héros et de ses congénères. 3 – Antoine continue son évolution au sein de la montagne. Le tamanoir n'a pas quitté son mode « supersonique » et le paysage défile à la vitesse de 1 224 kms/heure. Ils arrivent bientôt dans un monde totalement étrange. |